L'Accablant Constat

Le sonnet suivant est un lipogramme en e (c'est-à-dire un texte écrit sans utiliser la lettre e). Il décrit, dans les tercets, une équation dont la solution est la constante mathématique $e$.

L'accablant constat fut : partout, mutilations.
Aucun mot n'avait fui, mais dans chacun, pourtant :
« … » Maints trous ! Où ? Pourquoi ? Quand, profitant d'un instant,
Diminuant tout propos, apparut l'omission ?

Ici, j'aspirai à finir la privation.
Souhaitant voir un manquant, j'agissais, insistant,
Pour saisir son grand nom. Accompliras-tu tant ?
Auras-tu toi aussi, ami, la solution ?

Rabotant l'inconnu, j'ôtais trois fois son quart.
Introduisant, du log, sa variation standard,
Tout passait par la fonction. Fin du calcul.

Il imitait pourtant, abscons, parfait, la part.
Où quadruplant d'abord un, au suivant du nul
Nous soustrayions son log, fût-il un brin bâtard.

À cause des contraintes, l'équation est décrite de manière assez tordue (et ambigüe). Il s'agit de :

$$\ln\left(x-\frac{3}{4}x\right)=1-\ln 4$$


Ce texte s'inscrit dans le mouvement de l'Oulipo, qui utilise des contraintes (qui peuvent être mathématiques) pour encourager la création littéraire.

Récemment, la mathématicienne Michèle Audin a participé à ce groupe. Elle a produit plusieurs texte, disponibles sur sa page du site de l'Oulipo, et a décrit de nombreuses contraintes mathématiques utilisées par des membres de l'Oulipo (dont Raymond Queneau et Georges Perec) dans le texte L'Oulipo et les Mathématiques ; Une Description.