Pour l’utilisation du logiciel libre en classe et ailleurs…

Cet article a été initialement publié dans le journal du PAS 38 UDAS, numéro 177, de novembre — décembre 2020.

Richard Stallman, militant historique du logiciel libre, écrit dans l’article : Pourquoi les écoles doivent utiliser exclusivement du logiciel libre, que :

l’école a une mission sociale, celle de former les élèves à être citoyens d’une société forte, capable, indépendante, solidaire et libre. […] En formant les élèves et étudiants au logiciel libre, elle donnera leur diplôme à des citoyens prêts à évoluer dans une société numérique libre. […] En revanche, enseigner un programme non libre revient à implanter la dépendance, ce qui va à l’encontre de la mission sociale de l’école.

Mais qu’est-ce qu’un logiciel libre ?

La plupart des logiciels les plus connus (Microsoft Office, Photoshop, Google Chrome…) sont propriétaires : ils sont protégés par les lois sur la propriété intellectuelle qui interdit de les étudier, les modifier, les partager. Au contraire, les logiciels libres (comme LibreOffice, VLC, Gimp, Firefox…) sont bâtis sur des valeurs de partage et de coopération : ils sont généralement gratuits, et leurs auteurs et autrices encouragent tout le monde à les utiliser, en étudier fonctionnement, les copier et les partager.

Supposons je travaille sur un fichier « .docx » avec Microsoft Office, et que je veuille le partager avec un collègue ou un élève. Pour le lire, cette personne doit posséder le logiciel Microsoft Office (70 € à 300 €, coût parfois caché dans le prix d'achat initial de l'ordinateur, ou « généreusement » offert par Microsoft aux enseignants et enseignantes), et j’habitue ainsi mes élèves à utiliser un produit commercial, qu’ils seront donc probablement amenés à acheter plus tard : je fais de la publicité gratuite pour une multinationale américaine.

Si au contraire je fais ce travail en utilisant le logiciel libre et gratuit LibreOffice (avec un fichier « .odt »), pour le manipuler, mes collègues et élèves peuvent télécharger gratuitement et légalement le logiciel adéquat (développé par des bénévoles ou salariés supervisés par une association) dont ils et elles peuvent même étudier le fonctionnement.

Ce même Richard Stallman introduit ses conférences en France en expliquant le logiciel libre en trois mots :

liberté, égalité, fraternité. Liberté parce que ce sont des logiciels qui respectent la liberté de leur utilisateur. Égalité parce que dans la communauté du logiciel libre, tous les utilisateurs sont égaux ; personne n’a de pouvoir sur personne. Fraternité parce que nous encourageons la coopération entre les utilisateurs. Avec un programme, il n’y a que deux possibilités : soit le programme a le contrôle de l’utilisateur, soit l’utilisateur a le contrôle du programme.

Les logiciels libres sont de ce second type.

Vous avez dit « trop compliqué » ?

S’ils pouvaient être difficiles à utiliser il y a encore quinze à vingt ans, ils ont fait de gros progrès et sont maintenant utilisables par des néophytes (même s’il faut au départ s’habituer à un nouveau fonctionnement). À part pour des logiciels très spécifiques pour lesquels il n’existe pas d’équivalent libre, seules nos (mauvaises) habitudes nous empêchent d’utiliser des logiciels libres. Une bonne porte d’entrée dans le monde de la culture libre (pas seulement les logiciels) est l’association Framasoft, réseau d’éducation populaire consacré à la culture numérique libre, créé il y a presque vingt ans par des professeurs de math et de français.